Mes années 10

Aujourd'hui, on a fêté mon anniversaire. Sans compter les années, sans préciser l'âge, parce que ça n'a pas d'importance ! Deux bougies seulement sur le gâteau. Deux bougies en forme de coeur, vite soufflées pour éviter que la cire dégouline. Pour cette occasion, j'ai revisité ma charlotte tant aimée. Cette fois-ci, crème pâtissière et chocolat en pépites (par centaines au moins !), ruban d'organza pour la décoration et guirlande de fanions. La menthe, une fois n'est pas coutume, vient des balconnières (jamais on en aura eu autant !). On avait aussi préparé des petites barquettes saupoudrées de sucre rose et de drapeaux. Jus d'orange et chocolat viennois pour s'hydrater : mon service anglais a enfin servi... comme promis ! Sur la table, la veilleuse écureuil s'est postée tout près d'un nouveau venu : un petit lapin Maileg, dans son berceau. Un cadeau tout doux dont je rêvais depuis longtemps.

En passant Lannion, un jour, nous sommes tombés nez à nez, lui et moi. Lui, c'est un service anglais "véritable" qui n'a encore jamais servi. J'ai décidé de le sortir de sa boîte, le ranger dans mon vaisselier de poupées, et d'attendre mon goûter d'anniversaire pour l'utiliser. Un chocolat chaud, un gros gâteau et des petits biscuits, le tout servi dans de la fine porcelaine, sur une table recouverte d'une nappe rose en lin - un de mes nombreux cadeaux d'anniversaire, avec les serviettes en Liberty Betsy porcelaine ! -, et mon service longtemps isolé sera enfin baptisé.

Puis-je faire la liste sans rougir ? Oui, certainement. Renée Fleming chantant Noël, et Anna Netrebko, Strauss. Nappe en lin rose et serviettes en Liberty, parfum Bonton aux forts accents d'iris, petits carnets pour y coller mes tirages polaroïd, nouvel illustré Farrow and Ball pour rêver d'un ailleurs, puis un beau bouquet de roses. Des éclairs à la chantilly, qui n'ont jamais aussi bien porté leur nom (je devais filer au solfège), ont régalé nos papilles, en attendant de déguster un gâteau maison spécial "fête", comme nous avons désormais l'habitude dans cette maison. En espérant que les fleurs seront toujours en vie !

Du bon, rien que du bon. Éclair à la violette, chocolat viennois d'avant opéra (petit apéritif de luxe avant d'entendre chanter La Tosca), brunch équilibré (assez rare pour qu'il y ait prise de photo), tarte aux pommes maison (ma préférée), et gaufres... trop sucrées peut-être ?

Novembre et son petit avant-goût de l'hiver. Un cours de chant de bon matin, après deux pains au lait-beurre de cacahuètes vite avalés. Une balade avec mon p'tit boy à quatre pattes. Un instant shopping parce qu'il n'y a plus de crème pour le visage, et qu'il nous faut des macarons pour le goûter. Un concert à Pleyel, avec du Beethoven, du Mendelssohn et du Bizet. Un retour frauduleux parce que j'ai perdu ma carte de transport. Et retrouver mes chaussons en pure laine de mouton pour terminer une journée dont je n'ai gardé en photo que les créations de la Princesse au petit pois, portées comme si ce jour était un jour de fête.

Blouse Bonpoint, collants Jacadi

Je vois Noël se profiler sur le calendrier et dans les vitrines. Alors que je succombe, je maudis dans le même temps cette fête qui n'a plus de sens pour moi. Je crois que Noël a ceci de bien qu'on le célèbre en hiver, et c'est pourquoi plutôt que d'attendre la neige qui ne tombera pas, et une nuit vite fêtée, vite oubliée tellement chaque année ressemble à la précédente, j'ai décidé, cette année, de fêter l'Hiver, en profitant de chaque journée de froid, de chaque soir qui tombe vite et, aux alentours de Noël, en dégustant treize desserts, en offrant des cadeaux, et en décorant un sapin d'étoiles et de flocons. Puis, quand reviendront les jours chauds et affreusement lumineux, on se dira qu'on a bien vécu. Notre Noël aura duré de novembre à mars, pas seulement le 25 décembre entre la poire et le fromage. Après un été insupportable et long, que la fête commence !

Voilà un concept qui sévit dans toutes les revues. Je pense qu'il signifie "couleur peau de bébé". "Blush", "fleur des elfes", ou "poudre de fée", quel que soit son nom, le fort accent rose me plaît beaucoup, et j'aime associer mes couleurs flash favorites à cette touche de douceur... et d'hiver !

Monsieur et madame Météo ont annoncé fièrement un week-end estival, avec des températures supérieures à la norme saisonnière. Tout le monde semble ravi. Comment peut-on être heureux quand le temps se dérègle ? Pourquoi tous ces gens ne migrent-ils pas vers des contrées plus chaudes si l'hiver leur pèse à ce point ? Moi, je rêve de m'envoler vers des pays qui sont blancs l'hiver. Deux jeunes filles assises près de moi dans le métro me faisaient envie avec leur accent québécois. Quand elles retourneront chez elles, après les vacances, elles chausseront leurs bottes, tandis que mon manteau préféré restera caché sous sa housse. Ma liste de Noël s'allonge, mon anniversaire approche, et il faut encore sortir bras nus. Les tartes aux pommes ne changent pas le temps, hélas. Mais je lutte. Je ne jouerai pas le jeu d'une saison maudite qui se prolonge. Je ne veux pas d'une glace ou de balades le long de la Seine. Octobre, ce n'est pas le soleil. Octobre, c'est le mois des feuilles, des renards et des noisettes. C'est, je l'espère encore, des nuages gris et des petits matins froids. Je ne me laisserai pas faire.

Les festivités de l'hiver commencent officiellement avec la fête de Monsieur B. Et voilà, nous y sommes. Pour l'occasion, j'ai tenté un de ces fameux gâteaux qui circulent sur la Toile : la piscine des cochons. Gâteau au chocolat assez simple, mais suffisamment épais pour que le bassin soit un minimum profond pour les zanimaux en pâte d'amande. Des biscuits pour en définir le contour, un gros ruban pour que rien ne s'effondre sous la pression des nageurs, et de la menthe du "jardin" pour décorer ce petit groin de paradis.

Depuis le temps que j'y pensais... Voilà, c'est fait : le support pour tubes à essais récupéré dans une école, aujourd'hui rasée, est peint et taillé à bonne dimension pour recevoir de jolies tiges. Le résultat n'est pas parfait, c'est pourquoi je n'aime pas spécialement  le fait-main en matière de déco. Mais je suis contente que ce bel objet d'autrefois ne croupisse plus dans une armoire.