Aujourd'hui, on a fêté mon anniversaire. Sans compter les années, sans préciser l'âge, parce que ça n'a pas d'importance ! Deux bougies seulement sur le gâteau. Deux bougies en forme de coeur, vite soufflées pour éviter que la cire dégouline. Pour cette occasion, j'ai revisité ma charlotte tant aimée. Cette fois-ci, crème pâtissière et chocolat en pépites (par centaines au moins !), ruban d'organza pour la décoration et guirlande de fanions. La menthe, une fois n'est pas coutume, vient des balconnières (jamais on en aura eu autant !). On avait aussi préparé des petites barquettes saupoudrées de sucre rose et de drapeaux. Jus d'orange et chocolat viennois pour s'hydrater : mon service anglais a enfin servi... comme promis ! Sur la table, la veilleuse écureuil s'est postée tout près d'un nouveau venu : un petit lapin Maileg, dans son berceau. Un cadeau tout doux dont je rêvais depuis longtemps.

Puis-je faire la liste sans rougir ? Oui, certainement. Renée Fleming chantant Noël, et Anna Netrebko, Strauss. Nappe en lin rose et serviettes en Liberty, parfum Bonton aux forts accents d'iris, petits carnets pour y coller mes tirages polaroïd, nouvel illustré Farrow and Ball pour rêver d'un ailleurs, puis un beau bouquet de roses. Des éclairs à la chantilly, qui n'ont jamais aussi bien porté leur nom (je devais filer au solfège), ont régalé nos papilles, en attendant de déguster un gâteau maison spécial "fête", comme nous avons désormais l'habitude dans cette maison. En espérant que les fleurs seront toujours en vie !

Je vois Noël se profiler sur le calendrier et dans les vitrines. Alors que je succombe, je maudis dans le même temps cette fête qui n'a plus de sens pour moi. Je crois que Noël a ceci de bien qu'on le célèbre en hiver, et c'est pourquoi plutôt que d'attendre la neige qui ne tombera pas, et une nuit vite fêtée, vite oubliée tellement chaque année ressemble à la précédente, j'ai décidé, cette année, de fêter l'Hiver, en profitant de chaque journée de froid, de chaque soir qui tombe vite et, aux alentours de Noël, en dégustant treize desserts, en offrant des cadeaux, et en décorant un sapin d'étoiles et de flocons. Puis, quand reviendront les jours chauds et affreusement lumineux, on se dira qu'on a bien vécu. Notre Noël aura duré de novembre à mars, pas seulement le 25 décembre entre la poire et le fromage. Après un été insupportable et long, que la fête commence !

Les festivités de l'hiver commencent officiellement avec la fête de Monsieur B. Et voilà, nous y sommes. Pour l'occasion, j'ai tenté un de ces fameux gâteaux qui circulent sur la Toile : la piscine des cochons. Gâteau au chocolat assez simple, mais suffisamment épais pour que le bassin soit un minimum profond pour les zanimaux en pâte d'amande. Des biscuits pour en définir le contour, un gros ruban pour que rien ne s'effondre sous la pression des nageurs, et de la menthe du "jardin" pour décorer ce petit groin de paradis.

Préparer Pâques. Écrire une carte pour un anniversaire. Jouer avec des bonbons et du crayon qui s'efface. Fixer guirlande et petits sujets de circonstance. Arroser les fleurs qui n'aspirent qu'à s'ouvrir toujours plus grand. Sentir le jasmin. Envie de croire en la Résurrection, puis se demander si ça vaut bien le coup. Écouter Renée Fleming. Faire semblant d'être joyeux, comme d'habitude. Aujourd'hui, ça fait un mois.

C'était prévu, donc attendu. L'organisation, la décoration, la dégustation, et, au final, la joie de tous rendent l'événement très supportable. On vieillit, mais en beauté. Pour cela, bien sûr, il faut sortir les plats et les moules de tailles différentes, commander à l'avance ce qui animera la fête, emballer les cadeaux, mettre la table en beauté, bref faire en sorte que tout soit au moins presque parfait. Un gâteau à trois étages n'est pas si compliqué à confectionner, il faut juste s'armer d'un peu de patience. Mais peut-être que la chance était avec moi sans que je le sache. Rien n'a brûlé, ou trop cuit, ou coulé. La pâte à sucre n'était pas uniformément répartie, mais pour un premier essai, je m'attendais à pire - même le nœud était réussi ! Confettis bleus, pampilles en carton pailleté, cocardes, guirlande, ruban, etc. dans des tons "garçons", pour le héros du jour. Sans oublier un rameau béni, annonciateur de la prochaine grande fête de l'année.

L'été se rapproche. Toujours pas de froid, toujours pas de neige. C'est comme s'il n'y avait eu qu'une saison cette année. Alors on va attendre et prier pour que le soir des chandelles convoque l'hiver et l'oblige à se répandre partout chez nous. Chaque année c'est pareil : il faut attendre, au cas où, mais l'été se pointe et j'ai l'impression d'avoir été spoliée. Nous ne sommes qu'en février, pourtant je ne peux m'empêcher de penser que dans peu de temps les familles se réjouiront de voir le soleil. Pour sortir, pour se découvrir, pour être heureux. Comme si le gris les rendait tristes. Moi je verrai du bleu, et je déprimerai. Comme toujours. Heureusement, il reste encore quelques semaines avant que viennent m'envahir les photos de fleurs qui poussent, quelques soirées encore où nous mangerons des plats d'hiver, des crêpes, des gâteaux, et des après-midis où je préparerai du lemon curd ou du clafoutis. D'autres soirs où nous allumerons les bougies. Hélas de plus en plus tard, car les jours vont rallonger. Déjà.

Les Rois sont enfin arrivés devant le berceau de fortune. Ils ont offert leurs présents, et nous, nous avons dégusté notre galette. J'ai déplacé mes petits bonshommes, qui ont parcouru leur chemin, comme l'an dernier, sur du sable rapporté du Bénin, alors que le berger, lui, faisait encore paître ses bêtes devant l'étable. Les personnages sont donc tous réunis, et le tableau désormais complet. Je pense avoir trouvé le prochain protagoniste de l'histoire : un homme enturbanné. Ce serait bien, car je ne souhaite pas voir fleurir autour de l'enfant Jésus des personnages qui "sentent la lavande" ou qui rappellent le bruit infernal des cigales. Je n'aime pas la Provence et je ne comprends toujours pas cet attrait pour des personnages anachroniques. Un chanteur d'opéra, un révolutionnaire, un instituteur. Que font-ils là ? Pour fêter l'Épiphanie, je vous présente un cadeau qui vaut de l'or (à défaut d'avoir de l'encens, que je suis la seule à apprécier dans une maison) : une belle boîte à bijoux que mon frère m'a rapportée d'Afrique. Il a participé à sa fabrication. J'en suis très fière, et, à défaut de bijoux, j'ai placé à l'intérieur ma "collection" de barrettes. Les grosses en dessous, les petites au dessus. À ce beau cadeau s'ajoutent des voeux tout particuliers et très émouvants : ceux d'une maman courageuse qui apprend, en même temps que la lecture, l'utilisation de l'informatique. Un cadeau qui vaut cher et que je vais garder longtemps.

Chaque année, je me dis que j'aurais pu faire mieux. Chaque année, je me dis que je suis passée à côté. Pourtant, comme chaque année, j'ai été très gâtée. Noël est déjà passé, fini, terminé, derrière nous, et ce malgré les belles promesses. Je l'ai attendu, il n'est pas arrivé trop vite, j'ai eu le temps de l'imaginer, mais cette fois encore, ce n'était pas LE Noël parfait. Trop décousu peut-être ? Ou trop banal ? Alors que j'ai fait du nouveau, avec du nouveau. Manque d'investissement alors ? Peut-être que j'aurais dû me fixer un objectif quotidien. Sans doute faudra-t-il un jour remettre un peu de poudre de fée dans cet événement qui n'est plus le même depuis que la famille est dispersée. Du temps de Père Noël, de l'attente à l'ouverture des paquets, tout était différent. Puis un jour, le dernier d'entre nous a compris. Malgré cela, nous étions ensemble et l'énervement devenait récompense quand, en temps ordinaire, il devenait punition. Sans doute faudrait-il revivre ces moments d'agitation, pour savourer mieux le calme du 25. Cela dit, Jésus est encore si petit ! Qui sait si avant l'arrivée des Rois on aura pas le temps de "sauver" Noël ?