Mes années 10

En ce jour des Rameaux, j'avais décidé de mettre à l'honneur mon dernier mètre de Liberty d'Anjo pour coudre une croix, un sac à goûter et un coussin : "aujourd'hui, je vais coudre une croix, un sac à goûter et un coussin." La croix est très jolie, même si le ruban n'est pas pile au milieu, du coup on me demande : "elle risque pas de pencher un peu ?" Le sac à goûter est trop léger pour qu'on y mette deux litres de Coca. Mais qui boit deux litres de Coca pour le goûter ? Je bois pas deux litres de Coca pour le goûter. Et le coussin est... bien. "Wahou, trop beau le coussin !" Les coutures sont presque parfaites, les lettres de mon prénom, brodées à la main sur l'endroit sont chouettes, mais l'une d'entre elles est à l'envers. Moi j'ai pensé dyslexie, mes fans ont pensé "marque de fabrique" : "non, au contraire, c'est génial, ça fait groupe de rock." Finalement, j'ai pensé à Eminem, et j'ai voté pour. Bref, c'étaient les Rameaux.

Du fromage affiné chez le meilleur fromager de Paris (Dubois), du pain aux lardons, de la baguette chaude, et des verres ballons qui font gling ! ploc ! et gloups !, je ne vois pas quoi demander de plus. Enfin si, je vois, mais dans pareil contexte, je m'estime comblée. La bonne nouvelle, c'est qu'il reste de tout. 

Je voulais des serviettes de table, je me suis confectionné un nuage. Encore. Puis je me suis lancée dans la création d'un oiseau. Un oiseau comme il n'en existe pas : avec des plumes fluo. Un oiseau imaginaire qui se pose sur des nuages en Liberty. Et voilà que le monde devient joli. Des nuages partout, des bougies qui font oublier la lumière de dehors, et des petites feuilles qui poussent en intérieur, protégées des agressions. Un monde plus beau où l'on brunch aussi le jeudi, ça existe. Et pendant ce temps, Siegfried se prépare. Ô joie !

Je voulais laver les vitres et préparer les balconnières. J'ai lavé une vitre, j'ai laissé tomber les balconnières. Il y a des jours où il est bon de ne rien faire. Les miens sont nombreux. Ils reviennent vite. Mes week-ends sont interminables, pourtant je ne m'ennuie pas vraiment. J'observe. Surtout les choses que j'aime. Les belles couleurs. Les ambiances douces, les couleurs bonbons. Le rose sous toutes ses appellations. Fuchsia, fluo, pastel. J'aime celui qui me rappelle les cours de danse. Ou celui que l'on met par petites touches dans la maison, pour réveiller un décor, un coussin. Parfois je l'oublie. Parfois même je le trouve envahissant, et je ne regrette pas d'avoir porté mon choix sur une autre couleur. Mais il n'est jamais loin. Comme aujourd'hui, ou après un déjeuner asiatique, je m'en vais coudre serviettes de tables en Liberty.

Coussin Zéro de conduite chez Gloss and Milk (Paris 17)

Réveillée tôt par un mal de tête déjà confortablement installé (à quoi rêvais-je pour ne l'avoir pas senti venir ?), je suis tout de même parvenue à réussir cette journée au ciel trop vif. Je suis sortie parce que j'en avais le besoin, et l'envie aussi. J'ai trouvé ce que je cherchais, un kek´chose qui était gravé dans un coin de mon cerveau, sorte de natural wish list : un coussin en Liberty porcelaine (encore lui !) signé Lab. En attendant la parure intégrale. Shopping raisonnable finalement puisque je n'ai pas encore trouvé d'équivalent à la housse d'Ipad Jimmy Choo dont le prix frise tout juste l'indécence - mais qu'est-ce que l'indécence ? Pour le goûter, impossible d'ignorer l'enseigne de Miss Cupcake qui me faisait de l’œil. Nutella, chocolat, spéculos, vanille. Bon choix, je crois. Pour oublier la neige trop tôt fondue, la migraine et les mille et un maux de mon quotidien aux apparences pourtant brillantes (j'ai au moins deux "Grazia", un "Be", un "Elle" et deux "Marie-Claire" en retard, des robes Bonpoint achetées l'été dernier qui portent encore leur étiquette, quelques livres prometteurs que je n'ai pas encore ouverts, et même Renée Fleming qui chante "My Cherie Amour" dans mes oreilles), il fallait bien ça.

Coussin Lab, coussins à pois et coussin rétro en tissu Poppy de chez Reine et rubans orange fluo réalisés par moi, petit lapin nommé Boris (fin 80') restauré et adopté.

Deux jours offerts par la nature. Deux jours à oublier ce printemps que tous attendent. Deux jours à surveiller la cheminée. Deux jours avec l'esprit très occupé. Elle est tombée, elle est restée, et il a été élu. Un nouveau Pape et l'espoir que le printemps attendra encore avant de nous imposer sa chaleur et sa lumière. Mes pensées se sont envolées quelques instants vers l'Afrique, terre de soleil, alors que je confectionnais un petit nuage et ses gouttes pour mon Anya. Les heures qui viennent seront peut-être moins riches, mais je vais tenter de glisser heureusement vers les beaux jours en essayant de réaliser une nouvelle robe d'été.

Le printemps était partout. Sur toutes les lèvres, dans tous les écrits, et même sorti de terre. Je le savais, c'était trop tôt. Je n'en voulais pas. Je voulais que l'hiver reste avec nous. Je voulais encore sentir le froid. Heureusement, je n'avais pas encore rangé mes bottes. Ainsi, au programme de cette journée, jeux dans la neige, photos, rêverie à l'extérieur... Chouquettes sucrées et couture à l'intérieur. Cette neige annoncée, je n'y croyais pas. Les flocons sont pourtant tombés en continu. Le silence était lourd dès le soir venu, et mes pas m'ont suivie jusque dans le jardin. J'aurais voulu les effacer pour laisser le terrain parfaitement immaculé. Je me suis couchée, blottie dans ma couverture préférée, espérant que le matin serait encore blanc.

Il y a des jours où les minutes défilent trop vite. Ce sont des jours bien remplis. Des jours que l'on veut garder en mémoire. Se lever tôt pour choisir les légumes, non, mais déballer les sacs oui, avec plaisir ! J'aime les disposer sur la table et les photographier. J'aime la vie qu'ils apportent dans une maison silencieuse à cette heure de la journée. Mais point le temps d'admirer ma nature fraîche, aujourd'hui c'est cinéma. Ernest et Célestine. Pour une fois animés tous les deux. Beaux vêtements de rigueur pour la sortie : robe Bonpoint et barrette assortie, Charles IX et cape Jacadi ; goûter chic au retour : petits cookies Michel & Augustin. Décidément, ces jours me plaisent.

Sortant de ma nouvelle enseigne chérie, j'étais contente de mes choix. Beaux tissus (Poppy, Liberty), beaux biais et rubans, tous les fils nécessaires (à coudre, à broder), etc. Je n'avais rien oublié, pour une fois ! Le travail effectué, je regrette toujours de ne pas être allée voir une couturière qui ferait de l'art avec ces tissus. Car l'art n'est pas à portée de toutes les aiguilles ! Cependant, je reconnais les améliorations. Je ne couds plus à l'envers, je couds droit, je réalise à ma taille... et quand c'est trop petit, j'agrandis. Je rêve tellement de la première robe que je ferai sans défaut qu'elle arrivera un jour. Pour l'instant, je teste, quitte à en faire trop. Mélange de styles, de couleurs, trop de motifs... C'est que je ne suis pas patiente ! Je veux tout utiliser, et tout de suite.

Voilà ! Mon premier mobile nuage made-par-moi est accroché (tissu de chez Reine, cordon Liberty et feutrine). J'en suis fière malgré ses menus défauts, et il me tarde d'en faire un autre, puis deux, puis trois. Pas encore assez expérimentée pour la création vestimentaire, je pense que ma collection printemps-été se limitera à des pièces griffées Bonpoint. Parce que la couture, ça semble simple, comme ça, surtout quand on regarde King Karl esquisser et ses couturières reprendre à la dernière minute une petite bidouille trois-fois-rien en mangeant des bonbons. Réaliser un patron à sa taille et confectionner le vêtement parfait qu'on peut porter dans la rue sans avoir l'impression que tout le monde rit : "Elle a fabriqué sa robe elle même ou quoi ?", ben c'est pas évident, et il me faudra encore travailler tard dans la nuit, comptant sur l'énergie délivrée par un plat de ravioli au gruyère, pour y arriver.

Affiche originale série limitée Happy Vintage, Robe Bonpoint.