Anya doit atterir à Paris à 6:00 du matin, il est 3:00, le début de la fin d'une journée type pour moi. Je fais quoi ? Je me couche un peu même si je ne dormirai pas ? Je commence une activité quelconque ? Ou, comme une évidence, je prends un bus de nuit direction Opéra où j'attraperai une navette pour l'aéroport ? Allez, un dernier regard sur l'appartement : tout est en ordre, il y a des ballons partout et la table est mise. J'espère qu'elle aimera. Sur la porte, j'ai accroché ces mots : w.e.l.c.o.m.e  A.n.y.a  Dans les transports de nuit, les habitués somnolent. Moi j'essaye de regarder un magazine, mais les lumières qui défilent sont plus attractives. J'arrive à l'aéroport en même temps que l'avion. Il faut maintenant que j'attende les bagages "expected à 6 : 27". Les dernières minutes sont les plus longues. La dernière fois que j'ai approché cette petite fille, elle n'avait que 4 mois. Autour d'elle, des choses positives, mais j'ai quand même dans l'idée que sa vie ne sera pas comme je voudrais qu'elle soit. En trois semaines, on ne changera pas le monde, mais on va faire comme si elle ne devait pas repartir vers son quotidien hostile. À la fin de sa première journée chez nous, Anya s'est endormie à côté de moi, avec dans sa tête, un manège, des canards qui montrent leurs fesses, des tobogans, la voix de Dorothée et celle de la dame qui parle dans la métro, un livre où les objets ne sont finalement pas ceux que l'on croit, du gris partout dans la ville (sur les murs, les voitures, les poubelles), et le froid des habits quand on les touche. Mais aussi deux chutes spectaculaires suivies de larmes (et moi de redouter toutes les autres). Les prochains jours seront difficiles, il va falloir s'habituer aux vêtements, à l'eau chaude, aux horaires, à la nourriture, au gris... Tout un programme ! Au chapitre des anecdotes : "Ah ! dehors il fait enco' nuit ! - Non, Yaya, il est 9 : 00 du matin, et la luminosité est normale ! On est mal, chef, on est mal !"

Dans la garde-robe d'Anya, il y a de drôles de petites bêtes : des jolies frimousses sur le haut des chaussettes, des museaux rigolos sur les polos, et même des oiseaux ici et là sur les t-shirts. Ces petits animaux réchaufferont la fillette venant du continent des lions et des girafes, et qui risque fort d'avoir quelques frissons au moment même où elle posera les pieds sur le sol de son pays officiel. Il faudra alors lui expliquer que le froid de l'hiver, c'est sympa, et que peut-être de la neige tombera du ciel. Alors, on sortira tous avec nos petits animaux au bout des doigts. Des petits animaux tout chauds qui lui feront oublier le soleil et les sandales !

Quand on ne peut avoir la chambre que l'on veut en taille réelle, on peut se tourner vers la miniature. Et cela vaut pour une cuisine ou un salon, mais ces jours-ci, je me suis attachée à créer une chambre de petite fille. Une petite fille d'aujourd'hui, une qui veut un coin sommeil en Liberty, une cabane pour lire ses livres, de la déco moderne à base d'animaux attendrissants, de pompons et de tapis chaleureux. Cette petite fille là pourrait être moi. J'adorerais habiter un univers adorablement minimaliste. J'avais cette jolie vitrine, longue et facile à ouvrir (il suffit de faire coulisser la façade) depuis plusieurs années, mais il m'a fallu attendre d'avoir le temps et la motivation pour la décorer. Je l'aime beaucoup, et j'ai passé de très bons moments à tout fabriquer moi-même avec mes chutes de tissus, mes petites boules de feutre, des bâtonnets de glace, de la pâte Fimo, etc.