Chaque année, je me dis que j'aurais pu faire mieux. Chaque année, je me dis que je suis passée à côté. Pourtant, comme chaque année, j'ai été très gâtée. Noël est déjà passé, fini, terminé, derrière nous, et ce malgré les belles promesses. Je l'ai attendu, il n'est pas arrivé trop vite, j'ai eu le temps de l'imaginer, mais cette fois encore, ce n'était pas LE Noël parfait. Trop décousu peut-être ? Ou trop banal ? Alors que j'ai fait du nouveau, avec du nouveau. Manque d'investissement alors ? Peut-être que j'aurais dû me fixer un objectif quotidien. Sans doute faudra-t-il un jour remettre un peu de poudre de fée dans cet événement qui n'est plus le même depuis que la famille est dispersée. Du temps de Père Noël, de l'attente à l'ouverture des paquets, tout était différent. Puis un jour, le dernier d'entre nous a compris. Malgré cela, nous étions ensemble et l'énervement devenait récompense quand, en temps ordinaire, il devenait punition. Sans doute faudrait-il revivre ces moments d'agitation, pour savourer mieux le calme du 25. Cela dit, Jésus est encore si petit ! Qui sait si avant l'arrivée des Rois on aura pas le temps de "sauver" Noël ?

Sur le palier, ça sent encore un peu la peinture et le bois revitalisé, et le froid s'infiltre par les hautes fenêtres laissées ouvertes pour aérer. Comment aurais-je pu imaginer que les propriétaires de l'immeuble opteraient pour le rose que j'avais choisi entre mille couleurs du nuancier ? C'est beau comme je voulais. À tel point que je pourrais m'installer définitivement sur le paillasson, pour vivre dans le neuf, pour profiter de cette douce ambiance de nursery. On a accroché la couronne sur la porte. De l'été il me restait une guirlande faite de lambeaux de tissus, je l'ai entourée autour de la couronne enneigée, et ça me plaît. Le Père Noël préfèrera notre porte à toutes autres. Derrière cette porte, tout n'est pas parfait. Pire, rien n'est comme je voudrais. Mais j'ai appris à vivre avec des petites choses. Une porte, c'est un petit bonheur parmi d'autres. J'ai toujours aimé les portes, et c'est la première fois que la mienne est la plus belle !

Mon sapin est fait. Cette année il est encore plus beau. En fait, c'est le plus beau que j'ai jamais fait. Comme chaque année. Il touche presque le plafond ! Il est paré de gouttes transparentes, de bonbons, de lustres en cristal, de boules, de clochettes... Deux guirlandes lumineuses se disputent les branches. C'est une grande première, et c'est beau ! La crèche est, elle aussi, arrangée : Marie et Joseph attendent leur fils, le berger s'occupe de ses moutons à proximité de la petite bâtisse, et, nouveau venu, un homme est blotti sous une couverture épaisse. Il dort.

Il est bien difficile, cette année, de désigner qui, du Printemps ou des Galeries, a les plus belles vitrines. Tous articulés, des ours aux lapins, les animaux ont revêtu leurs plus beaux habits. Ces malicieuses créatures à ski ou à table me rappellent les Noël de mon enfance, quand on venait à Paris en famille et qu'on se faufilait entre les appareils photos pour apercevoir souris et poupées barbouillées de chocolat. Maintenant, c'est le soir que je me promène le long du boulevard. Quand les enfants sont couchés. À les voir, on aimerait se glisser derrière la vitre pour vivre la magie de Noël sous les lustres et les feux de cheminée factice. Le soir, on peut aussi déambuler entre les chalets des Champs-Élysées pour sentir les pommes caramélisées, les chouchous, le fromage et les gaufres. Sentir tout en même temps et s'émerveiller devant les couleurs des santons et des poupées russes. Noël approche à grandes enjambées. Il me tarde d'avoir mes cadeaux. Pourtant qu'il serait bon de ralentir le temps pour profiter encore et encore de cette période magique !

Salon du premier étage de l'Opéra Comique