Mes années 10

Le deuxième mois de l'année s'en est allé sur la pointe des pieds. Ce fut un mois chargé, entre escapade risquée dans une maison tristement abandonnée et crêpes sucrées. Je me suis promenée dans Paris, le jour et la nuit ; j'ai poursuivi l'aménagement de mon dressing ; j'ai joué du violon et fêté l'anniversaire de mon Papa ; j'ai continué mon travail chez Zabeth et repeint mon petit bureau. Pour finir, j'ai confectionné un herbier et un gâteau aux pommes. Décidement, Février a été riche.

J'avais besoin de fraîcheur et c'est bien tombé : une nouvelle lotion toute douce a rejoint ma collection de cosmétiques qui sentent bon. J'aime ce produit. J'aime la jolie bouteille et il me tarde toujours, après la douche du soir, de procéder à ce rituel enfantin : un peu de frais sur les joues et le bonheur d'emmener avec soi, dans son lit, un petit bonheur parfumé.

Elle m'était réservée rue Montaigne. Je suis partie rapidement après le coup de file m'annonçant la bonne nouvelle. Quelques instants plus tard, elle trouvait sa place dans mon dressing. J'ai toutefois pris le temps de savourer chacune des étapes : ouverture de la boîte, retrait délicat du papier de soie aux cerises, prise de photos avant de la porter, puis une fois sur moi (même si rien n'était travaillé côté look !). Elle sentait bon. Je l'ai repliée et rangée. Elle attend les beaux jours et, surtout, l'occasion. Ma robe "faux noir à smocks rose pâle", aux manches "papillon"...

Jour de fête, jour de crêpes ! Et changement de recette surtout. Un oeuf de plus et le résultat est sans appel. Les invités partis, il restait peu à manger. On en fera encore, pour la plus grande joie des gourmands, qu'ils aient deux ou quatre pattes...

Voici donc la recette 2016 :

* 400 gr. de farine

* une pincée de sel (généreuse)

* 5 oeufs (que l'on bat légèrement avant de les faire couler dans le petit puits)

* environ 50 gr. de beurre fondu

* 1/2 l. de lait et 1 verre d'eau

Et laisser la pâte se reposer environ une heure, à l'ombre d'un joli torchon.

*  *  *

Bon appétit !

Janvier. Des repas familiaux. Des galettes des rois et des cartes de voeux. Un sapin qui s'en va. Du violon. Des après-midis chez Zabeth et un voyage en Bretagne. Des balades dans Paris, récompensées tantôt par des gaufres et des chocolats viennois, dégustés sur place du côté de Bastille ou du canal Saint-Martin, tantôt par des tartelettes au chocolat parsemées d'or rapportées de Saint-Paul. Un défilé hiver de la marque aux cerises et la joie d'écouter des vieux disques. Les jours ont passé vite, et janvier s'en est allé sur une odeur de mimosa.

Ma vieille voisine Zabeth a quitté sa maison de toujours pour un établissement spécialisé. Elle aura 94 ans cette année. En m'occupant de ses affaires, je découvre une foultitude de petits trésors. Je sais désormais qu'elle porte comme troisième prénom celui d'une de mes poupées préférées : Zénaïde. Je l'envie pour ça. Il y a dans toute sa maison des traces de son papa qu'elle semblait adorer. Des photos, des souvenirs écrits et quelques objets, comme une collection de ficelles, des ustensils de soldats et des livres. Rien n'a de réelle valeur marchande, mais tout ce que je trouve me semble si précieux : brosses à cirer, cartes-souvenirs de première communion, et, bien sûr, des vieilles photos: Elisabeth bébé, Elisabeth adolescente, puis Elisabeth devenue une très jolie jeune fille posant sur fond de montagne, cheveux ondulés et robe blanche. Le sourire est celui que l'on voit sur toutes les images des années d'après-guerre. Elle avait l'air heureuse. Zabeth, secrétaire modèle, a beaucoup voyagé. Les placards sont remplis d'albums et de boîtes de diapositives. Je ne sais pas ce que deviendront toutes ces choses qui m'impressionnent. Pour l'instant, je me contente de passer mes après-midis chez elle en écoutant des vynils démodés de "La Veuve joyeuse" ou des danses hongroises de Liszt.

Mon petit neveu est né un dimanche de décembre, entre Noël et le nouvel an. Je lui ai rendu visite.

* Il est beau.

* J'aime quand il fronce les yeux et je garde l'espoir qu'il gardera ses yeux bleus.

* Il est plus petit que je ne l'imaginais, pourtant il avait déjà une semaine quand je l'ai vu. C'est une petite crevette, plutôt discrète sauf quand son ventre est vide.

Ce petit garçon a désormais une vie à vivre. Il a une jolie chambre chez ses parents et le petit lit de famille chez ses grands-parents. Il vit entouré d'un lapin et d'un chien. 

Il est temps pour moi de vous présenter Gustav.

* Gustav, c'est mon violon. C'est mon instrument. C'est un compagnon pour la vie.

* Gustav a parcouru un long chemin à travers l'Europe, avant d'atterrir à Paris. Chez moi.

* Gustav a connu la guerre et plusieurs propriétaires. Mais il est resté tout neuf.

* Gustav sent bon le bois fraîchement vernis.

* Gustav sonne beau. Il joue bien.

Je suis fière de Gustav.

Cette année, nous avons copieusement festoyé. Parce que nous nous sommes réunis plusieurs fois et parce que nous avons dégusté du toujours succulent. Nous nous sommes approvisionnés chez Plisson, puis aux marchés des Ternes et de la rue de Levis. Nous avons apprécié plusieurs desserts, maison glacée et bûche meringuée à souhait. Nous nous sommes battus contre des praires résistantes, moins contre les crustacés. Il y avait, pour nous accompagner, un beau (gros surtout) sapin décoré sobrement, car je me suis essayée au do it yourself. Puis nous avons été gâtés. J'ai assisté à la veillée de Noël au temple de la rue Blanche. À mon retour, les paquets attendaient. Nous avons été heureux les jours suivants. Rien n'a troublé la fin de l'année.

* Un tour de plus à mon horloge, un tour de plus pour ce blog, où je consigne mes jolis souvenirs, sauf en cas de paresse.

* Une année de plus, et des cadeaux à la pelle (dont un très spécial, qui sera photographié prochainement).

* Une année de plus... en rose ! Car, oui, finalement, je me suis décidée pour une tarte aux fraises. On ne se refait pas !

* Hortensias, bonbons acidulés, assiettes étoilées, du Bonpoint qui fait rêver, un beau livre avec New-York dedans, et une nouvelle recrue pour ma collection de lapin : tous les ingrédients étaient réunis pour mon  a n n i v e r s a i r e.