Mes années 10

J'aime bien les jours gris. J'aime bien les jours qui apportent des surprises. J'aime bien les jours où tout va tellement bien qu'on se demande combien de temps encore les anges-gardiens feront leur travail. J'aime bien les jours sans larmes, même si la bonne humeur n'a ni raison ni explication. Des meubles repeints, une déco restaurée, des cadeaux tombés du ciel. Il y a des jours comme ça, on se sent... mieux. Pour rien. Car tout d'un coup, le tout petit début de rêve qu'on avait s'effondre. Ce blog, comme beaucoup d'autres, fait semblant. Semblant d'être heureux, semblant d'être beau. En quelques minutes seulement, je réécris ma vie, celle que j'aimerais : simple et belle. Mais la vie n'est pas simple, et la beauté n'existe pas vraiment. Mon existence tient donc à cela, à du rien. Alors je suis comme beaucoup de gens, j'attends la fin. Et si c'était ça, "la" bonne journée ?

Meubles restaurés (peinture Farrow and Ball, couleurs Oval blue Room et Pelt)

Je vous l'avais annoncé, ma chambre a fait peau neuve. Le lit a changé de place : la fenêtre est désormais derrière ma tête quand je dors, ce qui m'a valu d'être un peu désorientée les premières nuits. Mais finalement chacun a trouvé sa place, les uns dans le petit lit "suédois" des peluches (linge cousu maison !), les autres dans un panier, ou tout simplement assis, sur une valise, veillant sur une corde à sauter vieille comme moi. Le petit lapin Egmont Toys a trouvé sa place dans la cage "indus" créée par Range ta Chambre, tandis que la baladeuse faite main (un câble rose fluo trouvé sur Amazon, une prise et une douille achetées chez Casto, et le tour est joué !) donne à l'ensemble un côté vintage modernisé. Dans la petite vitrine Ferm Living se sont nichés quelques souvenirs et créations : des oiseaux en tissu, une petite tasse (Ferm Living également), quelques cartes postales, etc, bien à l'abri derrière la vitre. Au dessus de mon bureau, une affiche de lecture des années 50, pleine de mots qui ring a bell dans mon petit esprit de fille de cheminot. Mes coussins (Ferm Living, Pöm le Bonhomme, Lab et Zéro de conduite) invitent au repos, ne reste plus qu'à allumer l'une ou l'autre de mes boîtes à musique (Le Trousselier et Pois Plume) pour se sentir à l'abri de tout. Comme dans un film américain...

Malle Cyrillus, valise Pois Plume

Bougie Bonton à la fleur d'oranger, maisonnette Moulin Roty, mobile Pöm le Bonhomme, vanity Jacadi

Ce samedi, nous avons fêté l'anniversaire de Monsieur B. On aime beaucoup Monsieur B., alors on a voulu faire les choses correctement, sans pour autant s'acharner à mettre les moyens plats dans les grands, car Monsieur B. veut toujours que l'on fasse simple-simple-simple comme un petit problème de mathématiques. On a donc décoré la salle à manger avec une seule guirlande géante, et joliment dressé la table en faisant attention à ne pas sombrer dans le trop girly. Monsieur B. a trouvé que c'était sympa. Il a aimé le gâteau, que j'avais peur d'avoir trop décoré, et il était très fier de ses cadeaux. Du coup, nous, on est content aussi, même s'il n'y a plus trop de gâteau. On a laissé la guirlande accrochée, pour ne pas tourner la page trop vite, et aussi parce qu'on est assez fou pour festoyer encore une fois. Après tout, Monsieur B. mérite bien qu'on trinque à sa santé au-delà du jour J. Pour les curieux, le dessert était composé de deux gâteaux : une charlotte aux fraises sur un financier (rond) aux griottes. Les décors ont été trouvés chez Bonton et Hema.

Demain, les 25°C au-dessus de ma normale psychologique ne seront plus. Je n'imagine pas qu'un froid polaire viendra me chatouiller les narines au petit matin, mais j'ose espérer que mon gilet ne sera pas de trop. Ce jour, je constate également que quelques pièces griffées Bonpoint manquent encore à l'appel dans ma garde-robes, des pièces estivales qui cependant se laisseront porter par temps froid. Je me réjouis à l'avance de les accueillir. Et puisqu'il est question de bonté, je me pose une question : qui du drôle de lapin ou du renard qui-en-rappelle-un-autre pourrais-je ajouter à ma liste de Noël ? Je me tâte et j'envisage toutes les possibilités (il y en a trois ou quatre selon le degré d'optimisme). Ces deux drôles de bêtes demeurent actuellement rue Legendre, "la" rue in du XVIIème, où fleurissent les concept-stores à mesure que poussent mes cheveux. Ces deux drôles de bêtes s'amuseront chez moi, c'est sûr. Il y a déjà plein de loustics rusés qui rient quand j'empile les assiettes et les plats pour faire une gigantesque tour de Babel cassable à tout moment ! Demain, promis, on fera un tour du décor de la maison (il y a eu tant de nouveautés ces derniers temps, malgré mon état proche de celui d'un haricot vert trop cuit). J'ai hâte. Mais en attendant, pour accompagner un thé "détox" bio (doublement dégueu, donc), je savoure quelques bonbons... avant que mon père ne me les dérobe tous, un avant-goût de ce que sera l'anniversaire de Monsieur B. ce samedi.

Jupe Bonpoint, chemisier C.F.K., gilet Cyrillus, chaussures Clotaire et bretelles American apparel

En dehors de la Seine qui déborde et des centaines de personnes étalées sur des nappes, coupe de champagne en main pour célébrer l'arrivée des beaux jours et la fin du premier pique-nique, je n'ai rien vu de sympa à Paris en ce dimanche attendu pour la seule raison que le soleil et ses plus de 25°C avaient été promis par la dame de la météo. Enfin chaud ! Enfin du soleil ! Comme si l'hiver était traumatisant. Youpi ! enfin de la verdure... Youpi ! enfin des fleurs... Youpi ! enfin du monde : tout ce que je hais était au rendez-vous. Partout des poussettes, partout des gens s'extasiant devant un saule pleureur ou des tulipes pas encore écloses. "Qu'est-ce qu'on est bien dehors ! Il était temps, les gens avaient besoin de chaleur." Pas moi. Moi, quand il fait chaud, j'ai trop chaud. Le soleil me donne mal à la tête et les individus qui jouent de la guitare sur les bancs m'énervent (plus encore s'ils chantent). Je suis insensible aux arbres. Je n'aime pas le vert. Les jambes découvertes des filles trop blanches, trop grosses, trop maigres, trop ci, trop ça : berk. Les souhaits émis pour que le soleil reste, que l'été soit beau : pas pour moi. La fanfare devant l'Opéra Garnier : sacrilège. Moi, j'attends l'hiver et la nuit. J'attends que revienne l'odeur des cartables neufs. Je souhaite de tout cœur que l'été soit pourri, et que l'on puisse rester couvert de ses beaux habits. Pas de sandales, pas de short, pas de chapeau, pas de lunettes de soleil. Le mois de mai est encore loin, mais je maudis déjà les jours trop clairs, les congés, les étudiants qui révisent sur les pelouses, les odeurs dans les transports en commun, et peut-être les nuits trop chaudes pour s'endormir. Alors quoi l'été ? Est-ce que les pâtisseries ne se mangent que sous le soleil ? Non.

Les week-ends passent et se ressemblent, sauf quand naissent les beaux jours. Les foires et marchés fleurissent dans les quartiers de Paris, où on se laisserait volontiers tenter par du fromage corse ou du saucisson de sanglier. Mais on ne cède pas, parce que le bonheur, à cet instant, c'est de s'inonder les narines de ce que la France sait faire de mieux. M'inonder les yeux devant un plateau de fruits est un plaisir tout aussi délicieux, surtout quand ses couleurs se mélangent au bleu de ma nouvelle desserte de salle à manger que je ne cesse d'admirer. Ce matin, le soleil se reflétait sur ses pieds, j'avais alors un nuancier de bleus à ma portée. Un dégradé allant du bleu presque piscine au bleu presque gris. L'après-midi, c'est une autre couleur que j'ai aimée aimer : le jaune fluo de mes Clotaire toutes neuves, les souliers qui accompagneront mes tenues d'été.

Mon portrait "face cachée" (blouse Mademoiselle Jacadi et écharpe Carolina Herrera) est signé Christophe Beauregard, catalogue "It's getting dark" (2013), à contempler ici : http://www.christophe-beauregard.com/

Ce matin, je me suis réveillée avec mon idée en tête. Elle ne m'avait pas quittée, et j'étais prête. Impatiente, même. J'allais enfin poncer la petite table de chevet abandonnée et lui redonner vie. J'allais une fois de plus rentrer à la maison avec ma peinture sous le bras, cette peinture magique qui me fait tant rêver, cette peinture si facile à utiliser, cette peinture qui rend tout beau. J'ai douté un moment devant le nuancier géant. J'ai décidé, puis changé, et enfin choisi. Oval room blue. Une de mes couleurs favorites. Le travail n'a pas été fastidieux : une heure de ponçage seulement, puis le bonheur de voir la couleur s'étaler comme un voile de coton. Mon pinceau glissait sous la lumière du jour dont la peinture captait l'éclat. Je n'ai pas regretté mon choix, mais j'aurais voulu deux, trois ou même dix tables à peindre ! Ce soir, nous avons fêté l'événement et récompensé mon modeste effort : nous avons mangé nos premières fraises à la lueur des bougies qui ont littéralement fondu devant ma joie, sous les yeux charmés des jacinthes et des œillets. C'était mon premier jour de printemps.

Certains jours, on pense que l'on se lève pour rien. Ce sont les jours "sans". Pas de projet, pas de concert prévu, envie de rien, pas même d'aller faire du shopping. Mais il faut bien sortir de son lit. Puis manger. Finalement, on s'habille et on sort. Pour aller voir la famille. Un bonjour comme ça, un petit repas entre nous. Cette belle robe, je ne l'ai portée qu'une fois l'an dernier. Je l'ai ressortie et j'ai adoré cette impression que j'ai eue de "je la veux à tout prix !" Elle est à moi, mais je l'avais oubliée. C'est donc comme si je venais de l'acheter. En fait, j'ai fait du shopping gratuit. Et comme les bonnes choses sont toujours au pluriel, j'ai trouvé, en rentrant tard le soir, une petite table de chevet abandonnée dans le caniveau. La laisser où elle était ? C'eût été oublier qu'un meuble en bois a une âme. Et puis j'adore restaurer le bois. Je suis montée dans le métro avec mon petit meuble. Nous étions seuls au fond de la rame. Quelques stations plus tard, j'avais en tête la couleur de la peinture que j'allais choisir. Une peinture Farrow and Ball, ma référence à moi...

Quand j'ai créé ce blog, le soir de mon anniversaire, il était question de mettre en textes et en images ma "sainte" année. Non pas qu'elle serait plus belle, plus studieuse ou plus raisonnable que les précédentes, mais elle se devait d'être au moins la preuve que la vie n'est pas toujours un fardeau. En fait, je voulais témoigner : oui, on peut faire en sorte que chaque jour soit heureux, voire profitable. Oui, on peut décider que chaque jour passé sur Terre compte. Alors j'essaye, le plus souvent possible, de poster quelques mots accompagnés de photos prises avec n'importe quel appareil. J'essaye ainsi de me convaincre que mon quotidien est assez joli pour faire rêver mes lecteurs, et je bénis les jours comme aujourd'hui où le contexte est imposé. Car aujourd'hui est un jour de fête, un jour où il est permis d'espérer tout ce que l'on veut. C'est un jour où les œufs en chocolat se cachent parmi les feuillages, où la table se pare de nouveau des chandeliers remisés après Noël, et où l'on refleurit la maison. Les cloches ont amené du chocolat (bio !) pour un régiment, les lapins se congratulent - c'est leur journée, disent-ils -, et moi je sors mes beaux habits : robe by Talc, chaussettes montantes Sonia Rykiel et chaussures Jacadi. Le repas, copieux, m'a ouvert un appétit de vivre mon dimanche de Pâques avec le sourire. C'est encore ça de gagné.

Nappe Le Jacquard Français, Serviettes Monoprix, Vaisselle Villeroy et Boch, Verres Guy Degrenne, Croix Librairie Pessay (Paris 17)