Mes années 10

Le premier quart du mois le plus insupportable de l'année vient de se terminer, tout comme mon séjour at home. J'ai passé plus de temps parmi les cartons remplis de souvenirs que dehors, pour mon plus grand bonheur, et avec une excuse valide : "il y a beaucoup à faire ici, profitons des vacances !" Et hop ! expédié le soleil. Même si, à l'occasion il m'est arrivé de sortir pour donner le bain au "vieux" petit Julien ou repeindre un tabouret trop sombre pour son époque. Désormais chaque chose à sa place, et tout est étiqueté du sol au plafond. Je suis donc repartie l'esprit léger. Impatiente de retrouver Paris, qui me manquait. À l'arrivée quelle ne fut ma surprise de croiser Natalie Dessay sur le quai : un p'tit bonjour en toute simplicité et l'impression que la vie "normale" m'attendait ! Le programme de ces prochains jours est hy-per-char-gé avec en number one la balade obligatoire chez Bonpoint qui a sorti sa collection automne-hiver. Mais je tremble un peu car tout à l'air moche... est-ce possible ? Paris s'est vidé, j'espère qu'il fera frais (voire froid) et je compte les jours avant le 1er septembre, le jour où tout renaît.

Je voulais commencer ma journée par une pause. J'ai donc reporté à un peu plus tard l'avancée de mon chantier estival et sorti peinture, pinceaux, feuilles et autres ciseaux pour réaliser deux choses (simples) auxquelles j'avais pensé la veille en m'endormant. Deux DIY en moins d'une heure. Pour le premier, il me fallait de la peinture grise (fabrication maison avec du noir et du blanc) et l'autorisation de peindre sur un vieux cadre en bois massif réhaussé d'argent qui avait coûté un bras (celui de qui, je ne sais pas) à l'époque. Pour le deuxième, j'ai sorti de très vieux papiers aux grains et motifs très spéciaux que je stockais dans une boîte très spéciale. Pour rien au monde je ne les aurais utilisés il y a quelques années, mais cette fois était la bonne. J'ai donc taillé dedans des ronds de même diamètre et je les ai cousus. Résultat : une belle guirlande pour décorer le coin des poupées. Le cadre enfin sec, j'y ai accroché mon tout premier tutu (un Repetto vrai de vrai) ainsi qu'une autre petite guirlande confectionnée comme la première, mais dans des tons différents. J'aime beaucoup le résultat et surtout : j'adore ma nouvelle chambre !

Poupées Corolle, El sueño de Perez et Angela Sutter ; panier de dinette en porcelaine Reutter porcelaine ; Mobile nuage fait maison (tissu et cordon Liberty Reine) ; Mobile crochet fait maison (récup' de vieux napperons), rideaux et passementerie Madura

Je retrouve ma maison d'origine pour quelques jours de travail intensif. Parce qu'il y a encore beaucoup de tri à faire, de re-rangement, de ré-aménagement et de séparation d'avec tout plein de trucs inutiles, boîtes vides, vieux papiers, collec' d'ado, cahiers d'école, etc. Des dizaines de kilos de documents, précieux il y quelques temps, s'entassent dans le garage. Tout est déchiré, pas seulement pour le symbole, mais surtout pour être sûre de ne pas faire marchine arrière. La déchirure comme une délivrance, même si le soir venu j'ai mal au dos. Je m'accorde alors une douche qui sent la frangipane et je me félicite du travail accompli. Je commence aussi à goûter la saveur du passé, en souriant devant ces jouets vieillis qui ne sont pas ceux de ma grand-mère mais les miens ! Les miens d'avant. Maison de poupées au décors plus que vintage, poupées et landaus. Mes patins à glace aussi, du temps où je rêvais d'olympisme. Tout ça, je le garde. Comme on garde son premier tutu et son manteau de baptisée.

La lumière, un piano, des miroirs et la solitude la plus exquise sont autant d'encouragements à chausser des ballerines longtemps enfermées. Un après-midi au frais et me voilà redevenue danseuse. Quelque part entre la Russie enneigée et le Palais Garnier à Noël, j'étais bien. Des petits pas vite revenus et des pirouettes enchaînées jusqu'à l'étourdissement, je retrouvai mes leçons chéries dans les salles sans fenêtre et au parquet usé. Loin de l'été.

On ne finit pas la semaine sans un apéro festif. Certes, on ne finit pas non plus la semaine un jeudi, mais pour supporter l'été sans trop râler, une belle table s'impose. Du frais, du coloré et du bon, voilà qui fait oublier le cauchemar estival. Par les temps qui courent, on accueille aussi volontiers une salade de pâtes. Oui, il a fait chaud, et le thermomètre doit encore grimper. Je me doutais que le printemps céderait ses degrés à l'été ! À défaut d'avoir les larmes aux yeux, je suis mal polie à l'intérieur. Je peste contre les vacanciers, les non-vacanciers, la moiteur, les odeurs, les nuits sans air, les matins ensoleillés qui me narguent, les gouttes de pluie annoncées qui finalement ne tombent pas. Et puis zut, un apéritif n'a pas à se justifier !

C'est étrange comme je semble être la seule à l'avoir remarqué : l'été ne sert à rien. La nature est bien faite, Dieu à tout prévu. Faux. Drôle d'idée que d'avoir pensé une saison insupportable. Comment se mouvoir quand il fait 30° C ? Où trouver de l'air ? Et je ne parle pas du mois d'août, le pire de tous, qui verra se fermer les boutiques les unes après les autres, "coupure estivale" oblige. Certes, il n'y aura plus grand monde dans le métro. Peut-être même plus de voisin le temps d'une semaine, mais que faire ? Préparer une rentrée imaginaire sous le ventilo ? Regarder les fleurs se déshydrater une à une ? S'ennuyer, en somme. Heureusement que mes objets favoris, mon petit pêcheur d'étoiles et mon manège musical, ne partent pas en vacances. Car ils l'ont bien compris, il n'y a guère que Martine qui trouve ça sympa. Et quand on lit ses aventures, on se dit que oui, c'est peut-être pas mal, les vacances... mais seulement sur le papier ! Vivement la rentrée.

Il s'appelle Chicorée et il a imposé un nouvel art d'être soi en affirmant que "le Liberty c'est pas que pour les filles, et Bonton, c'est aussi pour les garçons." Chicorée a donc de la classe et du goût. Je me souhaite bonne chance.

Pour supporter le poids des vacances et de la chaleur, je m'offre une nouvelle paire de chaussures. Adieu ballerines infernales et usées, bonjour sandales couleur corail. Une robe vert d'eau en crêpe vichy Jacadi et quelques jolies barrettes, le temps d'un après-midi sans bruit. Le temps de retrouver jouets à grelots et coton tout doux... Le prochain numéro de "Milk" sera celui de septembre : hâte !

Barrettes Linna Morata et gros noeud Jacadi, grelot Bonpoint et maracas Zara Home Kids, serviette à capuche Monoprix

Voilà, nous y sommes. Les pires mois de l'année sont là, on a sonné l'heure des vacances et le soleil est arrivé. Plus que huit semaines avant le retour à la normale. Cette fin d'année a été dure. Dépression, déménagement, plusieurs maisons où je ne me sens pas bien, projet qui tombe à l'eau, etc. Heureusement, il y a eu un Ring à Paris, l'occasion de sortir robes et bijoux pour déguster les mignardises de l'Opéra Bastille. Heureusement, il y a eu quelques cerises à déguster, des soirées illuminées, un nouveau pyjama pour une nuit tranquille dans mon ancien lit, un piano à essayer, et désormais je guette l'arrivée de petits bébés pigeons dans la jardinière du salon. J'ai hâte de voir les petits yeux fermés, mais la peur qu'ils tombent du nid m'empêche de dormir. Il est si petit ! Quelques centimètres pour démarrer leur vie, c'est peu. J'ai le sentiment qu'ils n'ont pas trouvé la bonne maison. Décidément, c'est difficile de se trouver un chez-soi parfait !

Pyjama C.F.K., combinaison Bonpoint, chemisier Marie Puce et gilet Jacadi

Cette robe, je ne la sors que pour la regarder. De la mousseline de soie rose brodée à la main, dessinée et confectionnée par Bonpoint, il faut un jour spécial pour la porter. En attendant, je la dévore des yeux et me félicite encore et encore : oui, cette robe est à moi !