Mes années 10

Nous en avons mangé trois. J'ai eu la première fève. Elles étaient bonnes toutes les trois, mais aucune n'étaient sublimes. Trop peu de frangipane, pas assez goûtue, pâte trop épaisse. J'aurais dû en faire une moi-même, mais je n'ai pas eu le temps, et la cuisine, en travaux, ne s'est pas prêtée à la confection. La galette... La fête qui suit Noël. Je l'attends toujours avec une grande impatience. On avance les Rois mages dans la crèche (cette année, nous avons accueilli un éléphant) et on déguste. Chez des amis, nous avons mangé un gâteau basque dans lequel était cachée une fève : c'est moi qui l'ai eue. Je souhaite que 2018 soit une bonne année. D'ailleurs, elle a plutôt bien commencé : le 23 janvier, j'ai revu "ma" chanteuse à moi. Nous lui avons parlé. Quelle fierté !

Je ne saurais dire pourquoi je n'aime pas ce mois de janvier finissant. Est-ce parce qu'il est passé trop vite ? Est-ce parce qu'il ne nous a rien donné des bonnes choses de l'hiver ? J'ai été occupée et plutôt de bonne humeur, bien que la mort d'une adorable dalmatienne est restée coincée dans un coin de ma tête. J'ai entamé quelques travaux d'une rénovation imprévue, je suis allée m'entraîner à la patinoire, j'ai filmé des concerts d'orgue et je suis allée au cinéma. Je suis aussi allée dîner chez une amie - exercice hautement difficile, et j'ai participé au concert de mon école de musique, en chant et en violon. Mais pourquoi je ne me sens pas dans mes chaussures ? Je ne sais pas. L'impression de vivre ma vie de force peut-être. Même cette couronne d'eucalyptus ne me satisfait pas vraiment. Elle est là, elle existe, elle est jolie, mais pourquoi ? Est-ce qu'elle n'existe pas uniquement pour la photo ? Allez savoir.

Ce n'était pas spécialement un jour à, où le jour de. On est loin de Mardi gras, et il ne faisait pas froid. On en n'a pas non plus fait un repas, et, pour être honnête, elles n'étaient pas bonnes. Mais c'était les premières crêpes faites dans l'une des poêles à l'ancienne que Monsieur B. a reçu pour Noël. On les a mangées en écoutant, justement, des chants de Noël, et le sapin était allumé. L'année 2018 a commencé avec le départ pour l'au-delà d'un petit animal que j'aimais de loin, depuis ses Pays-Bas de naissance. Évidemment, on se projette. On s'imagine quand ça nous arrivera. Ce sera le vide, et je ne sais pas si j'aurai le courage de refaire des crêpes. Car ce que j'aime par dessus tout à ce moment là, c'est avoir un petit assistant près de moi, qui attend la première crêpe (qu'on se partage) et la dernière (qu'il mange tout seul). Je ne sais pas si c'est ce qu'il préfère au monde, mais son intérêt et son impatience sont tellement grands que je pense qu'un plat de crêpes pour lui tout seul est un de ses rêves les plus fous. Et ja parie qu'il connaît la recette par cœur.

Je reviens ici comme on revient dans une demeure familiale à la belle saison. Il faut ouvrir les volets, retirer les draps des meubles, faire des lits propres, laisser entrer l'air et les parfums. Ce n'est pas quelque chose que j'aime car, comme je n'aime pas partir, je n'aime pas revenir. J'avais quitté ce repère à souvenirs quelque part autour de l'été déprimant de ciel bleu, de chaleur et de vêtements trop courts, trop légers. Depuis ce jour, il s'est passé peu de choses remarquables. Des vacances en Bretagne où j'ai présenté à ma nièce quelques jouets "interdit d'y toucher". Nous avons tout de même joué un peu ensemble. Verdict : elle n'aime pas jouer ! Elle est venue à Paris à son tour, durant l'été puis durant chaques vacances scolaires. Nous avons fait des choses extraordinaires, comme de retourner au Louvre pour voir son amie La Joconde. Il y a eu des pièces de théâtre pour enfants, des feux d'artifices, Versailles, son chateau et ses barbes à papa, des bals costumés, des heures à la patinoire, etc. J'ai repris le violon à la rentrée : on s'en sort. La peinture aussi, c'est plus laborieux (je dois me confronter à des techniques que je ne connais pas). On se "force" désormais, avec mon compagnon de route, à sortir deux ou trois par mois pour des expositions. De la deuxième moitié de 2017 je retiendrai David Hockney, Derain et ses amis, ou encore François 1er et, bien sûr, la présentation extraordinaire des collections Dior ! Des visites en nocturnes pour plus de tranquillité, et pour rentrer à pieds dans les rues noires et semi-désertées. L'hiver revenu, les balades clandestines avec mon chien au Parc Monceau ont repris. On dit bonsoir aux ânes et poneys qui attendent qu'on les soulage de leur épuisante journée. On achète des pains au chocolat et une baguette pour le goûter (qui est le petit "plus" pour le chien... Sauf quand il décide de la manger entièrement !). On se promène longtemps et parfois, dans le froid, je vois qu'il "fume" aussi. Avant Noël, ce petit bonhomme auquel je tiens tant, a été attaqué par un petit monstre. Résultat : une belle morsure sur dix centimètres, des agrafes et une peur panique pour lui comme pour moi. Douloureuse façon de finir l'année. Heureusement, aujourd'hui tout va bien, et on s'apprête à défaire le sapin. C'était le dizième Noël de mon petit chien ! 

En rentrant ce soir, je l'ai trouvée gisant parmi les objets trouvés. Sûrement parce qu'elle ne peut plus servir. Sûrement parce qu'il y a des échelles plus modernes et plus sûres dans le commerce. Quel dommage ! Sauf si on décide de rapporter chez soi ce modèle d'un autre siècle. Certes, il faudra la nettoyer, la poncer et la repeindre, mais elle en vaut la peine. Alors, après plusieurs heures de travail, on est content, et, à défaut de grimper dessus, cette belle échelle en bois sert désormais d'étagère à chaussures.

Parfois, il suffit d'un seul accessoire.

Colerette, Chocolat Show

Ailes, Bonton

Petite Anya est revenue à Paris pour y faire l'école buissonière. Nous avons passé de bons moments, sa Mamie, elle et moi. Il a fait très beau, mais j'ai supporté le soleil. On a fabriqué des souvenirs Place des Vosges, où l'on a marché pieds nus dans l'eau et le sable. Les deux éléments que les enfants préfèrent, surtout quand on les mélange : on a construit deux châteaux et deux tunnels avant d'aller manger une glace à trois parfums.

Le soir, il y avait la "patate modelée" et son jeu préféré du moment : jouer à faire semblant. Elle est l'élève, je suis la maîtresse qui donne les devoirs qu'elle fait sur son petit bureau en formica bleu. Après, on s'endormait en écoutant au moins mille fois la même chanson, parce que je voudrais qu'Anya se souvienne de petites choses précises quand elle sera grande, et j'ai envie de dompter dès maintenant ces petites choses précises. Je veux qu'elle se souvienne que chez sa tata il y avait des pots à crayons de toutes les tailles, des manèges à musique et des cubes en bois. Je veux aussi qu'elle se souvienne de nos sorties au musée, parce que je veux qu'elle soit sensible à la peinture en particulier, mais aussi aux belles choses en général. Je veux qu'elle déambule au Louvre comme nage un poisson dans son bocal. J'aime quand elle reconnaît Jésus à toutes les étapes de sa vie, qu'elle s'interroge sur la mort quand elle voit des personnages blafards, allongés pitoyablement dans leurs lits défaits, sous l'oeil ahuris du public venu assister au pire. Je veux qu'elle comprenne les guerres et s'émerveille devant la beauté des enfants en costumes princiers. Je veux qu'elle aime voir les animaux, sauf quand ils sont éventrés.

Après le musée, il faut manger une glace aux Tuileries. On a été heureuses toutes les trois, les mains dans le sable et les petits bouts de chaussures usés, que ma mère a décidé d'accepter. Désormais, on ne change plus les chaussures à la moindre rayure. Des chaussures abîmées ce sont des chaussures qui racontent des histoires.

Le monsieur aux bateaux n'étaient pas à son poste quand nous sommes arrivées au Jardin du Luxembourg, alors on a regardé les gros poissons. C'était après la messe à Saint-Sulpice. J'étais fière d'Anya quand elle chantait de tout son coeur ou qu'elle me faisait chut ! avec son doigt car on ne parle pas dans la maison de Jésus.

Nous avons visité le Musée de la Vie Romantique. Après les oeuvres florales de Pierre-Joseph Redouté, Anya nous a présenté "sa" maison : "voici la chambre de maman, voici la chambre de papa...". Elle qui ne jure que par les Malheurs de Sophie se plaisait à imaginer sa vie dans son petit château. Sous les parasols, dehors, nous avons pris un goûter. Rien n'aurait pu nous perturber. Puis, nous sommes allées à la bibliothèque Chaptal. Cette bibliothèque commence à nous connaître. Moi qui n'aime pas lire, j'aimerais qu'Anya apprécie au moins la compagnie des livres !

Après de belles journées à flâner, déguster, découvrir, rire et même nager dans l'eau de la piscine de mes années étudiantes, les filles sont reparties. Je me suis retrouvée seule. Les heures qui ont suivi ont été difficiles : je crois que j'aime bien quand elles sont là.

Shopping list:

* Robes à bretelles : Little Cotton Clothes

* Robe bleue : La Petite Collection

* Béguin et bloomer en Liberty Theo : commande particulière

* Hauts : Sergent Major et Bonpoint

* Jupe "tutu" : le Roi Soulier

* Chaussures : Start Rite

* Chaussettes : Collégien

Plus rien ne m'arrête. Dans mon élan, je veux dire. Sinon, bien sûr, le manque de talent et de technique est un frein sérieux à ma motivation. Depuis la venue de ma mère il y a quelques jours, j'ai maintenant à ma portée tout le matériel nécessaire pour aller jusqu'où il m'est possible d'aller. J'ai encore beaucoup de mal avec la couleur, plus encore s'il on prend en compte les nombreux matériaux dont je dispose et qui ne se travaillent pas tous de la même façon. Le style fait aussi défaut. Que choisir ? le dessin réaliste ? le dessin léger à l'aquarelle ? le simple crayon graphite réhaussé de quelques couleurs ? l'encre de Chine et la gouache ? Je ne sais pas. Sans doute me faudrait-il établir un genre de cahier des charges. Sans doute aussi, faudra-t-il que je prenne quelques cours. J'avais (un peu) l'habitude des paysages et natures mortes à l'huile quand j'étais... jeune, mais le dessin, je ne connais pas. Voici ma modeste production des trois derniers jours.

Drôle de journée que ce dernier vendredi d'avril. On a fait un peu de plomberie, pour mettre au goût du jour la cuisine, puis j'ai couru jusqu'au Centre culturel russe pour mon cours de chant. J'avais complètement zappé ce rendez-vous ! C'est en pleine balade avec Monsieur Chien que j'ai rouvert les yeux sur mon emploi du temps. Pauvre Monsieur Chien, qui s'est fait rouler sur son temps de sortie ! Heureusement, le lendemain (aujourd'hui donc), il a passé une bonne partie de sa journée dehors pendant que je jardinais. Mais là n'est pas le sujet. Hier, vendredi, on a encore fêté l'anniversaire de Monsieur B. Le peu de photos prises ne doit pas faire oublier que c'était sympa et gouleyant. On a fini tard, on était repu. Monsieur B. a ouvert une belle bouteille de sa cave (une qui ne doit pas être dépoussiérée), et d'après ce qui se dit, elle était bonne. Encore une fois, on a fini sur des fraises (et un peu de mûres, groseilles et raisins), parce que ça met tout le monde d'accord, et les bougies ont été soufflées. J'ai bien peur que pour cette année l'anniversaire de Monsieur B. soit passé.

Voilà ! le grand soir est passé. Que de stress ! Mais à l'arrivée, une grande satisfaction car tout s'est bien déroulé. On a bien mangé, bien bu et bien rigolé. Et, cerise sur le gâteau, les invités étaient très sympathiques. J'avais beaucoup cogité avant le grand soir. Peur de mal faire, peur d'oublier quelque chose, peur que tout ne soit pas parfait. J'ai fait mon maximum pour qu'il n'y ait aucune déconvenue, et, si l'on exclut l'explosion d'un ballon représentant le chiffre zéro, compère du quatre pour faire les 40, on peut saluer le sans-faute. En toute modestie...

Je voulais un beau bouquet de printemps avec hortensia et couleurs vives, que le héros de la fête aime particulièrement. Je voulais aussi une belle table "classique", sans excès et où chaque détail est mis en valeur. Pour cela, j'ai sorti de la vaisselle rarement utilisée. De la vaisselle fleurie, elle aussi très printanière. Avant l'arrivée des convives, nous avons rangé chaque livre et fait place nette. J'aime quand tout est beau et propre du sol au plafond.

J'espère qu'on se souviendra de cet anniversaire. Ce n'est pas tout les jours que l'on fête un chiffre rond ! Est-ce que pour autant Monsieur B. est devenu grand ? Je souhaite que non. Je souhaite qu'il reste le lutin malin qui nous fait tant rire et tant plaisir avec ses petites attentions quotidiennes, les cadeaux démesurés qu'il fait (le fou !) et ses nombreuses activités musicales. Et même s'il ne répond jamais aux questions saugrenues ("tu choisirais quoi si on sonnait à ta porte et qu'on te proposait une Mercedes ou un voyage en Chine ?"), s'il trouve inutile de repasser les torchons et refuse un classement par couleurs de ses livres, on l'adore plus que tout !

Shopping list:

* Gâteau d'anniversaire Le Schuss et macarons (pistache et framboise) chez Lenôtre

15, boulevard de Courcelles

* Cannelés "surprise" cuivrés et mini Pavlova, créations Casse-Noisette

35, avenue de l'Opéra

* Décors d'anniversaire Meri-Meri chez Bonton

5, boulevard des Filles du Calvaire

et Chocolat Show

7, rue Nicolo

* Bouquet réalisé chez Pascal Mutel, design floral

95, rue de Courcelles

 * Vaisselle Guy Degrennes, La Rochère et Alix de Reynis pour Bonpoint

* Nappe Linvosges