De la cave au grenier

Pendant ma grande balade avec monsieur Chien, j'ai ramassé des petites fleurs que je trouvais jolies, ainsi que deux feuilles mortes. Elles n'étaient pas tombées sur le sol mais restées accrochées au grillage qui borde la voie ferrée. Je me suis dit que personne n'avait marché dessus. J'ai mis tout ça dans ma poche et, le soir venu, j'ai eu envie de faire des photos comme d'autres auraient peint une nature morte. Mes tableaux à moi étaient en relief, composés de fruits de saison, de beaux crayons ou d'un magnifique livre qu'on m'a offert un soir où j'étais triste des tonnes de misères qui me tombèrent dessus quelques heures auparavent. C'est, je crois, mon livre préféré. C'est un livre qui me rappelle mes grands-mères et leur maison "unique". C'est le livre d'une maison où je voudrais vivre. Avec ses souvenirs rangés dans des petites boîtes, ses odeurs, ses bruits et ses couleurs, le très vieux carrelage de la salle de bain et son gros savon de Marseille. Et le grinçement de la porte du placard de la cuisine. Chez mes grands-mères, il y avait des frites "maison", et du chocolat en poudre qu'on pouvait manger à la cuillère. On pouvait aussi lécher l'énorme restant de crème pâtissière dans le bol (il y en avait autant pour faire le mille-feuilles que pour le rat de cuisine que j'étais). La lessive sentait bon, le parquet aussi. Mais c'est loin tout ça !